Cultiver la joie est un art délicat et essentiel dans une société où les pressions et défis quotidiens, tant professionnels que personnels, peuvent éroder notre bien être émotionnel.
La société célèbre sans cesse le bonheur – cet idéal vers lequel tout individu tend naturellement – et nous entraine dans une quête éperdue de celui-ci, exacerbée par les images parfaites des réseaux sociaux.
Le bonheur, autrefois concept abstrait, complexe et subjectif, semble désormais se résumer à la satisfaction immédiate de besoins alimentés par une société consumériste et donc fondée sur le plaisir. Or, le plaisir dépend uniquement de stimuli extérieurs et ne dure pas.
« La joie est notre évasion hors du temps. »
Simone Weil
Entre quête existentielle du bonheur et plaisirs immédiats à l’obsolescence définitivement programmée, cultiver la joie peut métamorphoser notre vie. Sous des couverts frivoles ou suspects pour certains, c’est une émotion puissante et profondément nourrissante qui améliore non seulement notre bien-être mental, mais aussi notre santé physique, nos relations et notre capacité à faire face aux défis de la vie.
Elle est certes, fugace, irrationnelle, imprévisible, instable… mais en prêtant attention à ce qui la fait naître, on peut la rendre quasi rémanente.
Pour commencer, désacralisons la joie !
Elle ne se trouve pas exclusivement dans les grandes réussites ou les moments extraordinaires, mais tout autant dans les petites réjouissances du quotidien et les pratiques intentionnelles qui enrichissent notre existence. La joie se cache dans chaque instant présent si l’on décide de porter une plus grande qualité d’attention à ce que l’on fait, à ce qui nous entoure et à nos interactions avec les autres.
Baruch Spinoza, philosophe néerlandais du XVIIème siècle, dans L’Éthique, définit la joie comme « le passage d’une moindre à une plus grande perfection », l’associant ainsi au développement et au progrès. La joie réside donc dans tout ce qui nous fait grandir et nous amène à être nous-mêmes.
En réalité, les sources de joie sont partout.
Mais pour les trouver, il faut commencer par faire tomber le masque de l’ego, ce personnage créé de toutes pièces par notre mental, si sensible aux regards des autres, qui ressasse, juge et nous enferme. À travers son prisme, nous ne pouvons pas connaître notre vraie nature et identifier ce qui nous anime, nous porte, nous passionne mais aussi ce qui ne nous convient pas ou plus et nous est toxique.
Pour cultiver la joie, il est également nécessaire d’embrasser la vie dans sa globalité, c’est-à-dire d’accepter sa dimension sombre et négative. Nous n’avons pas demandé à naître, mais nous sommes bien « là maintenant ». C’est en consentant à la vie, ne rien en refuser, que nous allons trouver la force de composer avec elle et par conséquent trouver bien des sources de joie en nous.
Reconnectez-vous à votre essence, retrouvez l’enfant que vous avez été, sans rumination du passé ou projection du futur. Explorez-vous sans jugement. Entretenez la gratitude, des relations enrichissantes, des passions, le soin de vous, un optimisme réaliste et un sens profond de l’engagement.
Et alors vous serez l’enfant d’Alfred de Musset dans les vœux stériles qui « marche joyeux, sans songer au chemin ; Il le croit infini, n’en voyant pas la fin. »
À vous de jouer !
Plongez dans votre malle aux trésors :
Notre âme d’enfant dispose de trésors insoupçonnés à offrir à l’adulte que nous sommes. Les petits sont spontanés et libres, ils vivent dans le moment présent sans se poser de question et déploient leur imaginaire : « On dirait que je suis une fée et que ma baguette magique te fait disparaître. »
Faites un détour par votre enfance, souvenez-vous de la fillette ou du petit garçon que vous étiez…
Qu’est-ce qui vous amusait ?
Qu’est-ce qui vous faisait rire aux éclats ?
Les rêves d’enfant nous habitent toujours, même si on les a oubliés. Petit, notre intuition avait moins de freins pour s’exprimer, mais on ne savait pas comment l’utiliser.
Réfléchissez aux mots symbolisant pour vous l’enfance : émerveillement, joie, espièglerie, audace… ?
Notez la liste de mots que vous avez retenus sur une feuille de papier, et pour chacun d’entre eux, laissez remonter à la surface un souvenir qui le représente.
Pour la joie par exemple, cela peut être un goûter d’anniversaire l’année de vos 5 ans.
Et l’émerveillement, cela peut être un moment passé avec vos grands-parents dans le jardin.
Pour chaque souvenir, fermez les yeux, rentrez dans la scène, visualisez cette situation avec un maximum de détails sensoriels et laissez émerger la joie associée à ce souvenir.
Si vous avez des photos, prenez le temps de les regarder et automatiquement, vous revivrez le bonheur en lien avec ce souvenir.
